27 novembre 2009

Hitchcock et Bauhaus

North by Northwest, 1959
Réalisé par Alfred Hitchcock


Ceci est un shot tiré du métrage North by Northwest de notre désolé Alfred Hitchcock. Je m'incline devant sa tombe!

16 novembre 2009

Affichage

Empire of the Sun, 1987
Réalisé par Steven Spielberg
Screenplay par Tom Stoppard


J'ai un peu l'esprit dans l'affichage depuis samedi grâce à l'événement ExpoZine.

L'événement en soi n'était pas trop mal. Beaucoup d'amateurisme par contre, donc très peu de présentations remarquables. Ah, aussi! Il faisait vraiment chaud et ça puait le «swing».

13 novembre 2009

Que faire en fin de semaine?


Info: http://www.expozine.ca/



Jesus Lizard au National:
1220 Rue Ste-Catherine E
, Montréal

Vendredi 13 novembre dès 19 h.

12 novembre 2009

Le subtext: la magie opère vraiment!

Sugar, 2009
réalisé et écrit pas Anna Boden et Ryan Fleck


Comment déterminer quel film est mauvais ou non? Tout le monde peut répondre à cette question: Une belle réalisation, de bons acteurs, une histoire plaisante, des images délicieuses etc. C'est subjectif et malgré qu'il y ai un certains concensus sur la qualité d'un film, l'important demeure l'intérêt et la réaction que nous avons devant une projection. Mais ceux qui ont appris à écrire un bon screenplay savent qu'une histoire intense ne se résume pas à quelques scènes fracassantes ici et là souportées de juteux dialogues. Il en faut bien plus, sinon, nous tombons dans le simple spectacle. C'est peut-être déjà pas mal, mais il est possible de faire encore mieux.

Je m'arrêterai sur un élément qui me parle particulièrement et que beaucoup d'auteurs semblent oublier. Ou du moins, ils ne semblent pas y porter trop attention: le sous-texte. Cette portion d'un ouvrage de 150 pages est le lien entre trois éléments d'une production: la réalisation, le scénario et le casting. En d'autres termes, un film avec des personnages vraisemblables et particulièrement profonds, c'est le résultat de bons sous-textes épaulés d'un montage logique, de plans de caméra adéquats et de jeux d'acteurs précis.

Les Boden et Fleck oeuvrent maintenant depuis 2002 (leur premier short). Ils ont cette force particulière d'ajouter une profondeure additionnelle à leurs travaux. Ils savent écrire, réaliser et surtout guider leurs acteurs. Sugar et Half Nelson, leurs derniers métrages, proposent deux protagonistes aux dimensions multiples. En prime abord, dans Half Nelson, Dan Dunne,

Half Nelson, 2006
réalisé et écrit pas Anna Boden et Ryan Fleck


interprété par le talentueux technicien Ryan Gosling, est un jeune professeur blanc au volant d'une classe du secondaire d'une école pour noirs et hispaniques. Ayant le tout parfait contrôle de sa troupe par son énergie captivante et son intelligence évidente, il éprouve contre toute attente un problème de contrôle impreingé fortement en lui. Conséquemment, c'est sur cet aspect que Anna Boden et Ryan Fleck oeuvrent d'une si magnifique façon. Les scènes les plus délectables sont celles où Ryan Gosling joue son jeu. Ce comédien a cette façon de nous amener avec lui dans son univers intérieur. Ses conflits intérieurs, personnels et extra-personnels sont magnifiquement performés. Il n'a besoin que d'un regard, d'un soupir, d'un simple geste pour nous indiquer exactement là où il en est. Immersif!

Ensuite, pour ce qui est de Sugar, c'est sur un désir inconscient du protagoniste que nos deux auteurs/réalisateurs développeront cette même dimension. Ce sont encore une fois les gestes, les actions et les réactions du personnage principal, Miguel 'Sugar' Santos, interpété par Algenis Perez Soto, qui nous amène à entrer en relation très intime avec lui. Le fait que le personnage évolue dans un contexte exotique, ce qui entraine une incapacité à bien communiquer avec autrui, laisse beaucoup de place au «non-dit». Conséquemment, le beat et l'intrigue se construisent par l'entremises de ces instants. Le rythme est intéressant et nous tient en haleine d'une douce façon. Immersif!

Bref, dans la vie, il est souvent difficile de comprendre ce que quelqu'un a en tête lorsqu'il ne parle pas, mais il est possible de mettre des mots sur les mimiques. Parfois, les tics nous révèlent la solution. Mais plus souvent qu'à son tour, nous nous trompons. Le cinéma est avant tout une vulgarisation d'un événement complexe qui, dans la vie de tout les jours, serait floué par une réalité spacio-temporelle - d'autres facteurs complexifieraient aussi l'événement - impropre à la cinématographie. Les auteurs de Sugar et Half Nelson nous font vivre des événements compliqués par le biais du «non-dit» d'une façon simple et épurée. Ce sont sincèrement mes révélations de l'année. De minucieux et très talentueux réalisateurs.

02 novembre 2009

L'intention devant l'attention

The Paper Soldier
illustration de Sam Weber
sampaints.com


Une vive discussion prit lieu au courant de ma soirée d'hier. Ce moment animé par Adam Bergeron (voir mes liens), Jason Béliveau (auteur du blogue Cinéphagie) et moi-même, prit une tournure particulière. Nous traitions de la notion de la position du spectateur face à l'oeuvre et de l'intention de l'artiste derrière elle. Qu'on parle de minimalisme, de performance ou d'abstraction, il est primordial de se mettre dans la peau de l'artiste pour bien comprendre l'âme d'une oeuvre et l'enjeu d'une telle action. Sinon, on passe à côté de la track.

Il y va de même pour le cinéma. Par exemple, beaucoup de critique au Québec reproche au film Polytechnique de Villeneuve de n'être qu'une belle peinture insignifiante. J'éprouve aussi une profonde réticence en ce qui à trait ce film. Mais après avoir sondé l'analyse d'André Habib sur le sujet (sur le site Web de Hors Champ), je n'ai pu que remettre ma position en question. Habib soulève une citation du cinéaste québecois face à son film qui stipule n'avoir qu'une intention esthétique derrière sa technique. Après cela, comment peut-on réellement condamner le film? Denis Villeneuve n'a-t-il pas le droit de représenter ses propos et son intention de la façon qu'il le veut et de faire que du beau s'il le souhaite? Habib y répond habilement: «L’abjection de Polytechnique est du même ordre: une suresthétisation de la tragédie, une embellie de ce qui aurait dû demeurer brute, brutal, intolérable, irrécupérable. Que Villeneuve ne vienne pas me dire qu’il a simplement voulu faire une œuvre artistique et que son Polytechnique vaut modestement Guernica de Picasso (mais il faut être fou pour dire des choses pareilles!). Guernica n’est pas une ''belle'' toile, une belle ''vision'' artistique d’une tragédie. Pas plus que Paisa ou Allemagne année zéro de Rossellini ou Les carabiniers de Godard ou Nuit et brouillard de Resnais ou Shoah de Lanzman ne sont des beaux films. L’abjection, c’est lorsque la volonté d’art, la volonté d’être un artiste, de faire une ''belle œuvre artistique'' se substitue à la responsabilité démesurée — faite de crainte et de tremblement, de doute et de réelle humilité — de témoigner malgré tout de ce qui nous dépasse entièrement. C’est accepter d’être un ''imposteur'', baisser la tête de honte en tant qu’humain, plutôt que de se réjouir sur toutes les tribunes médiatiques d’avoir fait un ''beau film''.»

Il est vrai que Polytechnique plonge tête première dans le problème d'abjection. L'intention de Denis Villeneuve, lâche et indigne si vous voulez mon avis, est bien comprise par une certaine critique, mais vraisemblablement mécomprise par le public en général. «C'est un très beau film! Il est bon de se rappeler d'un tel événement par respect pour les principaux concernés de l'histoire. J'aime bien le plan au dessus de Marc Lépine après son suicide. C'est plein de profondeur. C'est triste!». Autrement dit, le film n'est qu'un pâle reflet et faussement représentatif de cette tragédie du 6 décembre 1989. Il est triste de réveiller un tel cauchemar en le signifiant par un petit monstre de placard qui disparaît lorsqu'on ouvre la lumière. Un cinéaste qui développe sur un tel moment se doit d'être beaucoup plus critique en présentant ses choix d'actions d'une façon plus représentative en évitant le fâcheux syndrôme de ''l'album de famille qu'on sort à Noël''. Son montage se résume à un faux respect, qui selon moi, à du seulement mettre profondément mal à l'aise ces gens qui ont vécus les vraies répercussions de ce rouge décembre. Je ne suis pas sortie de la salle répugnée par ces souvenirs qui ne sont pas les miens, mais plutôt par cette effigie trop simplement vulgarisée et à un haut point banalisée.

L'intention d'un auteur, d'un peintre, d'un sculpteur ou d'un cinéaste invoque souvent la polémique. On peut se remémorer la vague de la Tribu du soleil qui fit son apparition au Japon dans les années 60 et qui se pencha nouvellement sur les problèmes de l'individu japonais plutôt que sur ceux du groupe. De nouveaux thèmes furent approchés plus ouvertement tel la sexualité chez les adolescents. Ce fut le scandale! Dans ce cas ci, on parle de révolution du monde des idées. L'imaginaire japonais se vit changé à jamais par la destruction de ce mur qu'était le contrôle des valeurs à cette époque. Mais peut-on en dire autant d'une oeuvre comme celle de Denis Villeneuve? Quel est réellement le rôle de son film? Ouvrir une plaie tout doucement en essayant de faire couler le moins de sang - et d'encre - possible afin d'en retirer un esthétisme particulier? Calmer la plume des sanguinaires critiques en terminant le film en stipulant que le Québec serait entre les mains des femmes (avait-il raison si c'était le cas? Petite blague à part.)? Est-ce qu'une plasticité lichée est suffisante pour supporter la reconstitution de cet événement lourd en conséquence et en valeur (vous n'avez qu'à penser à la piètre qualité du texte réel de Lépine qui était sans aucun doute le miroir d'un homme hautement perturbé et qu'on a lu au public d'une si jolie façon)? Peut-on sincèrement regarder cet oeuvre et trouver ça beau, sans plus? Certes, son film à son pesant d'atrocité. Il le fallait bien pour le spectacle, mais je suis en désaccord avec ses décisions malgré tout. Ce film n'est pas beau même s'il a la prétention de l'être dans sa plasticité. Il est chimérique et insipide.

Prenons par exemple Nuit et Brouillard d'Alain Resnais. Le montage et le collage de cette magnifique réalisation soutiennent avec pertinence les affrosités des camps de concentration Nazi. Il est impossible de demeurer froid devant ce tableau. Ce documentaire ne dure pas très longtemps, mais il n'en fallait pas plus pour déstabiliser - d'une approche juste - son spectateur. Pourquoi Resnais se serait servi de telles horreurs dans le but de faire du beau, de charmer son bon public? Il était conscient de l'importance de bien représenter cette partie de l'Histoire de l'Homme. Polytechnique, lui aussi, ne dure qu'un petit 77 minutes, mais ne réussi pas tant qu'à moi à brasser les gens comme il aurait peut-être du. Le film est mou et banalise la tragédie dont il fait appel. Son propos de faire du beau est alors impertinent, insignifiant.

Bref, dans tout les cas pointus de ce genre, il faut prendre la peine de se retirer un moment et de reconsidérer la chose. Par exemple, il faut apprendre à ne pas se satisfaire des artifices superflu et insignifiants que nous proposent trop souvent la télévision et nos salles de cinéma. C'est souvent trop beau pour être vrai. Réveillez-vous! Ne vous laissez pas berner!