22 août 2009

Le bâtard


*** rough version hihi ***

J'ai vu hier ce tant attendu Inglourious Basterds, dernière peinture de l'élu de nos coeur Quentin Tarantino.

Le générique de fin débute, mon visage demeure neutre et mon sourcil droit regarde vers le haut. Pourquoi? C'est ce que je tente de m'expliquer difficilement depuis 23 h hier soir.

J'ai pris le temps de lire quelques critiques ici et là afin de nettoyer ce grossier festin excentrique que nous à offert l'arrogant cinéaste.

«War reduced to pop entertainment should at least be easy to swallow, but this stuff keeps getting stuck in our craw. The trash that Tarantino used to elevate he now imitates.» - Rick Groen, The Globe and Mail

Je blâme rapidement Tarantino de s'être trop facilement caricaturé. Certaines scènes sont extrêmement fortes et révélatrices, comme la scène initiale avec, comme il le fait si bien, un clin d'oeil à ce cher Sergio Leone: «Once upon a time in Nazi occupied France...» Il y va de même de la scène de la Taverne où la tension créée par ce moment accentue le désir ultime des bâtards inglorieux (sans évoquer le fâcheux point final de cette scène qui démontre de son excentricité et qui, semble-t-il, est le point tournant à partir duquel le film semble perdre les pédales).

Certaines scènes, beaucoup trop à mon avis, se voient affaiblit par ce croissant désir d'offrir une expérience sensorielle particulière, mais qui dans ce film, apparaissent maladroitement construites et semblent être au profit de l'essence d'une histoire riche et captivante: des intrigues qui se tiennent et qui se développent à partir d'événements vrais, qui révèlent une expérience humaine forte et réaliste, et qui poussent le ou les personnages à se dépasser dans leur quête ultime. Ici, tout arrive de toute part, des dialogues à n'en plus finir, de la musique plus ou moins en symbiose avec les scènes, des non-events à quelques reprises, sans trop de pertinence et qui offrent enfin une histoire simple, mais surtout mal organisée. L'histoire qui entoure les bâtards est peu véritable, mais à quel point complexifiée d'échanges colorées inutiles.

Le film réussi quelque peu à tenir le spectateur en haleine grâce à la performance de Christoph Waltz. Hans Landa, Sherlock Holmes Nazi, est la principale force antagoniste du film. Par sa sadique et incessante fausse compassion qui terrorise nos chers juifs, il met au pied du mur les personnages «gentils». Il permet à ces derniers de dépasser leurs limites. Voilà ce qu'on attend d'une bonne histoire! Mais notre détective SS se retrouve en plein milieu du problème des faux dialogues, ainsi que Brad Pitt. Tarantino nous a offert dans chacun de ses films des moments de conversation impertinents qui n'aident en rien à l'élaboration d'une action, d'une intrigue. On se gavait par contre de ces moments car ils étaient rare, unique et ne nuisaient pas à la structure du film, ni au focus du setup.

En fait, ce que je retiens le plus de ce film ce sont ces échanges verbaux sans implications véritables, qui n'influencent en rien l'évolution du scénario. Je n'ai pas l'impression d'avoir vécu une expérience humaine significative parce que le noyau est recouvert d'une épaisse couche d'excentricité qui limite le film à son caractère excessif. En aucun cas je me suis senti reconnu, concerné ou interpelé. Je n'ai qu'écouté les trop étouffants délires psychédéliques d'un éternel réalisateur immature.

«A fundamentally silly piece of fiction and far too few occasions when Tarantino manages to produce the kind of spectacular cinematic moment combining character, script and editing that first signalled him out as a virtuoso director.» - Derek Malcolm, Evening Standard

Sous ses aspects de film d'histoire, Inglourious Basterds s'avère plutôt être une œuvre peu consistante, évoluant dans une situation prioritairement loufoque. Je n'ai rien contre ce genre de setting dans la mesure où l'auteur s'en sert pour asseoir son propos. Ici, il s'approprie une période très connu de l'histoire de l'Homme, mais ne s'en sert en aucun cas comme un pivot réaliste. Il y va afin d'accentuer son besoin de choquer à l'aide de ce thème chaud qu'est l'antisémitisme. Il remanie le court de l'histoire pour offrir à son bon publique des scènes où on martyrise des Nazis et qui se voudraient par le fait même grandement réjouissantes. Je n'ai éprouvé aucun réel plaisir à voir ces Nazi mourir à la tonne - n'était-il pas là le fondemement primaire du film? - et surtout pas de voir ce cher Adolf Hitler être trucidé de toute part juste avant de brûler et d'exploser. Je me serais peut-être délecté de cette scène si le film avait gardé sa concentration tout au long de ces 2:30. Mais détrompez-vous, ce n'est guère de la compassion pour les Nazis. C'est plutôt une réaction face aux problèmes d'empathie du film en général. On ne souhaite pas voir des Nazis mourir pour le plaisir (malgré que la plupart des gens s'en satisferont), on veut voir des protagonistes réussir ou échouer dans leur quête d'une façon personnelle, plus profonde. Ici, je trouve que le besoin ultime de QT était de faire bondir les gens de joies parce que tuer un Nazi, c'est dont cool! Donc pas besoin d'amener une dimension profonde?

Le caractère des personnages est inconstant aussi: une fois ils sont des hommes décorés et/ou dotés d'atouts rares, et enfin, à la fermeture des livres, ces personnages se condamnent eux-même à un triste sort - faible dénouement si vous voulez mon avis - que par leurs choix stupides. Faible un peu non? Encore une fois, la plume écrit trop facilemement à la place de la tête. C'est ce qu'on appel écrire des clichés, ce qui fait que l'épilogue manque réellement de punch. Désolé pour ceux qui ont trouvé ça hot comme fin.

Par surcroît, la charge émotive reliée aux événements se voit brisée. La seule compassion que j'ai réellement eux durant ce film, c'est pour l'allemand qui pleurait à l'arrivée du mythique Bear Jew. Dommage? Oui et non! Non car on pouvait sentir la force et l'influence de ce personnage - que l'on voit malheureusement sous cet aspect qu'une seule fois durant ce long 150 minutes - sur les Nazis. Et oui, pas parce que c'était un Nazi qui pleurait, mais bien parce que ce film nous promet tant de choses et qu'en bout de ligne, pratiquement tout est banalisé par des contre-actions qui viennent détruire les attentes dans le seul but de surprendre, de brouiller les pistes. De plus, ressent-on vraiment la crainte que crée les bâtards chez les shleux outre que par l'entremise de cette scène? Non!

Par contre, cette Shosanna Dreyfus, incarnée par la délicieuse Mélanie Laurent, semble être d'un atout particulier. Elle évoque chez le spectateur le désir de voir ces Nazis souffrire et se faire poignarder en plein visage. Son implication dans le film se résume à 3 choses simples: ses sœurs ont été tuées par Hans Landa, mais elle réussi à s'enfuir: la naissance de cette fameuse quête de la vengeance. Ensuite, elle croise à nouveau le détective à l'aide du héro de guerre allemand - qui est trop présent et qui n'est que trop facilement utilisé que pour régler des problèmes dans le scénario - ce qui accentue son désir ultime de se venger. Enfin, son plan démentiel de brûler son cinéma. Bref, heureusement Shosanna refait face à son pire cauchemar, Hans Landa, qui malheureusement disparaît de sa vie spontanément. Pourquoi le perd-elle de vue si soudainement? Son véritable antagoniste était ce personnage, mais il se voit remplacé par le mouvement nazi en général. Moche!

Rendu là, à quoi sert vraiment notre commando d'élite anti-nazi à part de graver une croix gammée - qui soit dit en passant, ne semble pas en être une, mais je ne peux vérifier - sur le front du détective SS qui tourmente tellement Shosanna? Qu'ammènent-ils réellement au film à part d'avoir la simple intention de buter tout les shleux, de régler le sort du SS Landa à la place de Shosanna - vraiment dommage - et d'ammener des scènes loufoques et punchy? Ce sont les vidangeurs de la place. Ils font un sale boulot photogénique, rien de plus.

Le manque de focus de la part de Tarantino est frustrant. Son besoin de briser le rythme dans son film n'est pas épaulé par d'actions fortes, de vrais événements et de dénouements satisfaisants.

Bref, ce montage peu sérieux à caractère agressif, qui se montre que quelques fois sous un aspect dramatique, impliquant et éprouvant, nous mets dans un état d'incompréhension. Qu'a-t-on vu? Une comédie satirique aidée d'une touche de drame afin d'accentuer l'empathie? Pivotant sur une trame historique - remaniée - permettant de rendre ses propos plus pertinents? Un film de violence gratuite et de Nazis scalpés pour flouer son insolence? On peu certainement parler ici d'une satire, mais perd-elle de son poids grâce à la dispersion des moments d'enjeux réels et forts dans les moments de dialogues vides et éphémères? Est-ce une critique du genre film d'action unidirectionnel et sans profondeur réelle? Ou bien n'est-ce qu'un simple trip sensoriel éphémère et vide de sens? Quoi qu'il en soit, je fus hier soir un publique perplexe du début à la fin. Ne sachant pas exactement à quoi m'en tenir et n'ayant aucun points finaux à mes besoins comme spectateur, je n'ai eu le choix que d'être demeuré sur mon appétit face à ce brunch overwhelmant. Peut-être est-ce moi qui ne comprend rien? Peut-être, ça se peut fort bien!

J'ose croire malgré tout que QT fût maître de son œuvre en gardant en tête les mots «ridicule», «exagération» et «orgie visuelle» en mélangeant volontairement son client - tout en insultant de plein gré son intelligence - par le biais d'un rythme saccadé déroutant, de dénouements faussés voire forcés et d'une histoire pivotant sur une trame, doit-on le dire, complètement disjonctée. Peut-être est-ce là une critique sociale? Nous fait-il la moral? «Voici une pizza que vous saurez faussement apprécier!»?

«This might be my masterpiece». Quelle arrogance!

2 commentaires:

Kristof G. a dit…

Mmmmm. Beaucoup trop de mots (attention aux de phôtes, le flo!) pour décortiquer un coool, drôle, violent et crinqué scénario. Tarantino - qui adore ne pas trop se prendre au sérieux (bien qu'il peut être effectivement un peu fedant à l'occasion - se marrerait sûrement de cette sérieuse dissertation.

Faut voir ce film comme du bonbon pour les fanas de cinoche de genre (et pour les cinéphiles tout court), un anti-blockbuster, grandiloquent et verbeux certes, mais aussi subversif et ambitieux que que le sympathique réal' peut être en feu.

Son masterpiece, parmi SES films qu'il disait mec.

:)

Le Workshop a dit…

Je n'ai pas encore revisé ce post en profondeur. J'avais pas 5 heures à mettre là-dessus ;) je vais remanier le tout bientôt, compte sur moi.

Ce n'est pas parce qu'il accepte de faire des films où il ne se prend pas au sérieux qu'on est obligé d'accepter ça. Et tu as bien beau avoir de l'ambition dans la vie, ça veut pas dire qu'à chaque fois tu réussie ;)